Adrien Genier, Geneva Tourism & Congress : « Il n’y a pas de couloirs sur Internet »
Comment vivez-vous la situation actuelle ?
Nous la vivons comme beaucoup d’autres destinations événementielles qui sont soumises à l’interdiction de se réunir, voire à une fermeture des frontières. Les plus chanceuses bénéficient malgré tout de la tenue de quelques événements, sportifs en particulier, mais qui se déroulent avec des protocoles sanitaires vraiment très stricts. Chez tout le monde, la période sans événement provoque une accélération du digital. Nous apprenons tous à utiliser de nouveaux outils de communication et d’échanges. L’évolution de la situation nous oblige à naviguer entre le présentiel, l’hybride et le 100% digital. Nous sommes dans l’adaptation permanente.
Quelles conclusions peut-on d’ores et déjà tirer de cette période très digitale pour le secteur événementiel ?
D’abord, nous sommes en situation d’apprentissage sur le digital qui nous offre la possibilité, il faut le reconnaître, de réaliser quelques événements. Ensuite, tout évolue très vite. Maintenant, si des événements en distanciel se tiennent effectivement actuellement, les premiers retours des associations ou des entreprises organisatrices avec qui nous sommes en contact sont unanimes : le digital reste un média froid et les événements digitaux ne sont pas aussi productifs que les événements live. Le distanciel ne remplace pas le présentiel. Vous le savez, Genève reçoit de nombreuses organisations internationales qui mènent parfois des négociations confidentielles lors de rencontres. Et, on le sait, beaucoup d’avancées se font dans les couloirs de l’événement. Et, comme me le disait un ambassadeur suisse adepte de ses événements : « Les corridors n’existent pas sur Internet… ».
ONU Genève, Palais des Nations
Dans ces circonstances, quelle stratégie adopter pour une destination comme Genève ?
Nous mettons clairement en avant l’événement présentiel. Parce que les organisateurs avec lesquels nous communiquons ont pris conscience, grâce à la période davantage digitalisée que nous sommes contraints de traverser, de la valeur ajoutée inestimable de l’événement live. Mais nous travaillons aussi à donner, en tant que bureau des congrès, une réponse technique et technologique à tous ceux qui veulent venir à Genève tout en hybridant leur événement et en partageant tout ou partie de leurs contenus avec leurs audiences digitales. Maintenant, nous pensons que l’événement hybride ne sera pas la règle. Pour une simple et bonne raison : l’hybridation coûte cher ! Parce que ce type d’événement implique les frais classiques d’un événement traditionnel auquel il faut ajouter toute une infrastructure : la technologie, l’équipe technique, un modérateur dédié… ce sont des coûts supplémentaires ! Et les organisateurs devront arbitrer. Nous pensons qu’ils organiseront soit des événements 100% digitaux, soit des événements 100% en présentiel. Il y aura bien entendu des événements avec un certain degré d’hybridation, mais cela ne sera pas la nouvelle norme.
Voyez-vous d’autres tendances émerger ?
Si nos clients attendent avec impatience la reprise et un mode de fonctionnement normal, ils savent aussi que des risques sanitaires perdureront. Il faudra faire avec. Les attentats terroristes récents ont provoqué des changements dans notre façon d’accueillir et d’organiser. Tout le monde s’est adapté. Il en sera de même d’un point de vue sanitaire. Car assurer la sécurité sanitaire devient une exigence forte des organisateurs. Ils prendront davantage en compte le fait que la destination doit rassurer les participants sur ce point. C’est un élément nouveau. C’est pour cette raison que j’ai encouragé le développement du label Clean & Safe, qui indique que l’établissement s’est engagé à respecter des mesures strictes de protection. Ce type de démarche, nécessaire, est clairement un atout pour la Suisse, mais aussi une responsabilité, car il faut absolument que la promesse soit tenue par toute la chaîne de valeur. Les moyens de transports, les hôtels et tous les autres doivent suivre les règles.
La reprise, c’est pour quand ?
Personne n’a de visibilité sur un retour à la normale. Mais il est attendu par tout le monde avec beaucoup d’impatience et en particulier nos clients. Nous n’avons clairement pas toutes les réponses. Genève fait partie, avec La Hague, Prague, Durban et Ottawa, des fondateurs de la Hybrid City Alliance. Le mieux que l’on puisse faire est, au sein de ce type de structure collégiale, de partager nos expériences, nos réflexions, nos recherches. L’heure est encore à l’humilité.
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