Il y a des événements qu’on scrute plus attentivement que d’autres, parce qu’ils donnent le ton. Organisé par le groupe suisse MCH, Art Basel, la plus grande foire internationale d’art contemporain, en fait assurément partie. On dit souvent, en France, que « quand le bâtiment va, tout va… », on peut aisément transposer cette expression à l’événement majeur de Bâle : « Quand Art Basel est en forme, le monde du salon et de la foire ainsi que le marché de l’art se portent bien ».

Rien ne freine les collectionneurs

Du 13 au 19 juin dernier, 289 marchands d’art – 10 de plus que lors de la précédente édition – venus de 40 pays se sont retrouvés au Messe Basel, le centre de foires et de congrès de la ville, pour présenter le travail d’environ 4000 artistes. Si les trois premiers jours sont réservés aux VIP, people et autres acheteurs, qui bénéficient de rendez-vous préétablis, le grand public a pu accéder à ce grand musée éphémère dès le 16 juin. Selon les premiers retours, l’ambiance était digne des éditions d’avant la crise. Les deux années de pandémie de Covid-19, mais aussi la guerre en Ukraine, l’inflation, les bourses fluctuantes… n’ont pas freiné les collectionneurs.

Fréquentation en baisse, ventes en hausse

Au total, Art Basel 2022 a compté 60.000 visiteurs, contre 90.000 habituellement. Un tiers de fréquentation en moins qu’on observe dans beaucoup d’autres salons internationaux. Les nombreuses restrictions de voyage ont empêché les Américains et les Asiatiques de se déplacer en masse. Certains ont pourtant bravé les contraintes ou, dans le pire des cas, ont trouvé le moyen de se faire représenter sur place. Côté ventes, tous les records ont été battus. Par exemple, la galerie zurichoise Hauser & Wirth a établi un nouveau record avec une araignée de Louise Bourgeois, sculptrice franco-américaine, cédée pour 40 millions de dollars (38 millions d’euros). L’art est une valeur refuge. Comme les yachts, les voitures de luxe, la joaillerie ou la haute horlogerie…

Art Basel pour le grand public amateur

Quelques nouveautés se sont fait remarquer cette année. Art Basel est sorti dans l’espace public et a proposé « le Parcours », invitant à déambuler (gratuitement) dans la ville à la découverte d’œuvres d’art – sous forme de visite guidée ou seule avec un plan. Le module de conférences et tables rondes « Conversations » a lui été ouvert à une audience à distance, grâce au live streaming. Toujours disponibles en replay, cela permet à Art Basel de garder le contact avec sa communauté, qu’elle soit professionnelle ou amateure, tout au long de l'année.

Paris+, la nouvelle foire d’art contemporain parisienne signée Art Basel

Dans les allées d’Art Basel, il y avait un autre sujet important qui faisait l’actualité : Paris+ par Art Basel, la nouvelle déclinaison de l’événement, après Miami Beach et Hong-Kong, qui va s’installer au Grand Palais Éphémère, dans la capitale française, et qui succède à la célèbre Fiac, après 47 ans d’existence. Paris+ est prévu du 20 au 23 octobre prochain. Marc Spiegler, directeur d’Art Basel, veut « créer un événement rayonnant au-delà de la ville, avec l’établissement de passerelles entre l’art contemporain et les industries culturelles françaises telles que la mode, la musique, le design et le cinéma ».  

Paris+ par Art Basel est très attendu. C’est un mouvement fort de changement qui s’abat sur les marchés de l’art contemporain et de la culture parisienne. Même si la programmation et le mode de sélection des galeries exposantes ne sont pas encore connus (avec traditionnellement beaucoup de demandes et peu d’élues…), espérons que l’expérience artistique sera renouvelée et viendra couronner Art Basel dans sa capacité à imaginer des événements d’un nouveau genre.