La réinvention conversationnelle des musées - un exemple à suivre ?
Qui dit musée, dit collection. Tout le monde imagine bien un lieu où des séries d’objets, de matériels, d’œuvres… sont exposées. Et puis, il y a cette idée de se déplacer pour entrer dans ce lieu, y faire des découvertes, y apprendre l’Histoire ou des histoires, y contempler des merveilles. Étymologiquement, le mot musée indique un temple habité par les Muses, littéralement celles qui inspirent. Mais voilà, avec la Covid-19, comme tous les espaces recevant du public, les musées ont fermé. Longtemps. Pourtant, les gestionnaires de ces lieux de culture ont eux aussi essayé de se réinventer, de trouver de nouveaux supports pour s’adresser au public. Et les inspirer.
Sortir le musée de son infrastructure
Lors de la Suisse Learning Expedition, trois représentants de musée sont venus témoigner des bouleversements que la crise sanitaire leur a imposé : Maja Baumgartner, historienne de l’art et médiatrice culturelle au Kunstmuseum de Bâle, Pascal Hufschmid, directeur du Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève et Andres Pardey, vice-directeur du Musée Tinguely, également situé à Bâle. Trois offres très différentes, mais qui se rejoignent dans l’idée qu’un musée doit sortir de son infrastructure traditionnelle, qui peut sembler rigide, et, plutôt que d’attendre le public, aller vers lui. Cela passe par une réinvention, qui a été accélérée par leur longue fermeture.
Pour visionner l'intervention de Maja Baumgartner dans le cadre de la table ronde "Qu'apportent la culture & les artistes ?" du 12 avril 2021 à Bâle, cliquez ici.
L’époque impose de nouveaux formats, plus digitaux
« Notre rôle a toujours consisté à confronter les publics à l’art » explique Maja Baumgartner. Pas de changement dans l’ambition, mais l’époque impose de nouveaux formats, a fortiori digitaux. « On a dû apprendre très vite, parce que nous n’avions jamais fait cela » précise même Andres Pardey. « Nous avons par exemple organisé des visites guidées du musée par Zoom, reprend Maja Baumgartner. Nous avons senti les jeunes publics plus à l’aise avec ce support ». Toujours pour les jeunes publics, le musée Tinguely a fabriqué des kits qui leur proposaient de « bricoler une œuvre ». « On a beaucoup tenté, on regarde ce qui a fonctionné pour le conserver. En tous cas, imaginer ces nouveaux formats a crée beaucoup de motivation » avoue Andres Pardey.
Pour visionner l'intervention d'Andres Pardey dans le cadre de la table ronde "Qu'apportent la culture & les artistes ?" du 12 avril 2021 à Bâle, cliquez ici.
Rendre le visiteur davantage participatif
« Notre ambition est d’engager une conversation bien au-delà du bâtiment, avec des parties prenantes très différentes » raconte Pascal Hufschmid qui, comme Andres Pardey et Maja Baumgartner, pense que « LE public n’existe pas et qu’il faut parler DES publics ». « Un musée, c’est un outil au service d’une communauté, c’est une expérience globale plus qu’un produit fini ». La conversation impose une écoute. Et le musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge va même plus loin : « Nos visiteurs sont non seulement écoutés, mais participent pour de vrai à l’élaboration de nos contenus. Ça nous a permis d’entrer en conversation avec eux et d’avoir des contenus très diversifiés ». Du côté des musées d’art, même approche. « Nous avons imaginé de nouvelles manières de présenter une œuvre » poursuit Maja Baumgartner. Sur le digital, la réception des œuvres est certes différente, mais le développement de ces nouveaux formats porte de nouveaux éclairages et ouvre de nouvelles perspectives.
Pour visionner l'intervention de Pascal Hufschmid dans le cadre de la table ronde "Le Dialogue, la clé de la confrontation d'idées" du 15 avril 2021 à Genève, cliquez ici.
Un musée n’est plus un temple, mais un forum
Pendant la crise, Pascal Hufschmid a invité des artistes, des chercheurs… du monde entier à s’intéresser à l’action humanitaire. Résultat : des récits et des contenus produits très différents, « mais qui sont très émotionnels » précise-t-il. « Un musée n’est plus un temple. C’est désormais un forum, un espace citoyen qui accueille tout le monde ». Et pas seulement les passionnés ou les initiés, et pas seulement dans le seul bâtiment. « La pandémie a représenté un immense défi. Nous avons évidemment pensé numérique. Mais pas question d’adapter le réel au digital ! Tous nos contenus sur Internet sont natifs. Et nous pensons franchir le pas en créant des contenus hybrides, c’est-à-dire nés sur le digital, puis continués au musée. Ou l’inverse. Dans tous les cas, il n’y aura plus un projet du musée qui n’aura pas son pendant numérique natif ». Pour conclure, Andres Pardey relève que les challenges à venir pour les musées sont nombreux : « Nous sommes dans un marché qui commence dans la culture très intellectuelle et qui se termine dans l’entertainment. Ça ouvre des perspectives immenses ». Sûr que les organisateurs d’événements sauront s’inspirer des enjeux des musées, qui ont choisi le mouvement plutôt que le repli sur soi.
Retrouvez les tables rondes "Qu'apportent la culture & les artistes ?" et "Le Dialogue, la clé de la confrontation d'idées" en replay sur Youtube avec ses 12h de contenus sur l’événementiel de demain :
- Maja Baumgartner & Andres Pardey dans "Qu'apportent la culture & les artistes ?"
- Pascal Hufschmid dans "Le Dialogue, la clé de la confrontation d'idées"
Le Suisse Convention Bureau vous conseille gratuitement dans l'élaboration de vos projets de congrès, séminaires & incentives en Suisse.
• Télécharger notre livre blanc sur les chefs de projets dans l'événementiel
• Télécharger notre livre blanc sur les séminaires de direction
• Consulter la série de nos webinaires