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4 juil. 2020 866 vues
Winnaretta Zina Singer, EHL : « Malgré la crise, les hôteliers et les restaurateurs restent ouverts à l’innovation »

Winnaretta Zina Singer, EHL : « Malgré la crise, les hôteliers et les restaurateurs restent ouverts à l’innovation »

En tant que Head of Innovation Pole de l’École hôtelière de Lausanne (EHL), Winnaretta Zina Singer a une vision globale de l’évolution du marché de l’hôtellerie et de la restauration. Elle témoigne de la crise et de ses conséquences.

Quelques mots, pour commencer, sur le pôle d’innovation de l’EHL…

Notre équipe anime un incubateur réunissant 19 start-up spécialisées dans l’hospitalité ou le food, dont les clients sont potentiellement les hôteliers ou les restaurateurs, voire appartiennent au marché de l’événement. Ces jeunes entreprises proposent des services ou des produits très divers, autour du packaging, de la blockchain, de la traçabilité, de la nutrition, de la réservation hôtelière… L’angle technologique n’est pas, comme on peut le lire précédemment, le seul représenté. L’écosystème est composé de projets lancés aussi bien par des étudiants ou anciens étudiants de l’EHL que par des entrepreneurs qui n’étaient jusque-là, pas connectés à l’EHL. Leur stade de développement est varié. Certaines start-up débutent à peine et d’autres sont déjà présentes à l’international. Notons que le pôle d’innovation de l’EHL est en pleine croissance, puisque nous sommes passés de 5 à 19 start-up en un an.


Le village de l'innovation de l'EHL dans le hameau historique du quartier de l'Auberge du Chalet à Gobet à proximité du campus de l'EHL 

Comment les start-up traversent-elles la crise ?

La période n’est pas facile. Notre espace de coworking a été fermé, même si notre activité et celle de nos start-up ont évidemment été maintenues. Certaines entreprises ont été plus durement touchées par cette crise que d’autres, voire ont dû stopper temporairement leur activité, ce qui peut être compliqué à gérer quand on est au début d’une aventure entrepreneuriale. Nous avons essayé de rester proches des porteurs de projet, de prendre régulièrement de leurs nouvelles via des visioconférences et, évidemment, de les soutenir au mieux en apportant les réponses les plus appropriées possibles. Nous nous sommes aussi efforcés à diffuser les succès que pouvaient rencontrer telles ou telles start-up et faire émerger de nouvelles opportunités qui pouvaient être bénéfiques à l’une ou l’autre.

 

Quel est l’état d’esprit actuel des porteurs de projets, face à cette crise ?

Ce sont tous des entrepreneurs et ils ont réagi comme tel. Leur première réaction a été naturellement de constater que le marché était gelé. Mais, chacun dans leur univers, ils ont évidemment compris que les professionnels des secteurs de l’hôtellerie et de la restauration avaient besoin de nouvelles idées et ils se sont remis au travail. Même si les hôtels et les restaurants ont été terriblement touchés par la crise, on a pu remarquer qu’ils étaient très intéressés par l’innovation. Par exemple, les webinaires que l’EHL a organisés pendant cette période sur les nouveaux produits et services affichaient complets. Certes, les établissements étant fermés, chacun avait plus de temps pour assister à ces réunions digitales. Mais les hôteliers et les restaurateurs, qui constituent un marché malgré tout assez conservateur et dont l’innovation n’est pas forcément dans l’ADN, ont besoin d’inspiration. Et nous devons être un catalyseur de l’offre innovante. Au final, cette crise fait évoluer notre secteur. Il faut, quand on est agile comme une start-up, avoir l’intelligence de se repositionner, de s’interroger sur les nouvelles manières d’adresser un marché qui change, pour créer plus de revenus.

 

Quelle est, d’après vous, la grande tendance qui se dégage en cette période ?

Nous le savons tous, la vente en ligne a explosé ces dernières années. Pour les hôteliers, qui ont confié leurs ventes à des OTA (Online tourism agency, comme Booking par exemple - NDLR) imposant des rémunérations souvent très élevées, l’objectif est de reconquérir et de faire venir une clientèle le plus directement possible vers leur établissement. Cela passe par une présence online plus grande, par de nouveaux modèles de vente adressant des marchés plus locaux et répondant aux nouvelles normes de distanciation sociale et d’hygiène, avec l’objectif de dégager de meilleures marges. Vont émerger, je pense, des nouvelles solutions qui vont aider les hôteliers à rebasculer vers un business modèle qui crée davantage de valeur pour eux. Cette évolution est une nécessité qui naît de cette crise.


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