David Granite, Dorier Group : « Faire interagir les audiences sur site et online est actuellement le défi majeur »
L’événement physique est-il remis en cause par le digital que la crise met en exergue ?
L’homme est un animal social qui n’existe que dans le regard des autres. Il a besoin de la rencontre réelle pour vivre. Donc, non, l’événement digital ne remplacera évidemment pas l’événement physique, c’est une certitude. Le digital est un élément de plus dans l’écosystème de l’organisation d’événement. La crise sanitaire accélère son utilisation, mais la tendance se dessinait déjà avant l’apparition de la Covid-19. En revanche, à l’avenir davantage qu’aujourd’hui, on se posera la question de la participation réelle à un événement : est-ce que je suis dans l’obligation de me déplacer ou bien puis-je régler cela via une plateforme ? Ce type d’interrogation va se multiplier. Il faut tenir compte du fait qu’en particulier chez les jeunes générations, la recherche d’épanouissement et d’une cohérence entre vie professionnelle et vie personnelle s’affirme et limitera les déplacements. Les initiatives digitales qui ont été prises ces derniers mois vont donc perdurer.
Quel est le bénéfice pour les entreprises technologiques comme les vôtres ?
La période que nous venons de traverser nous a permis, à nous entreprise technologique et audiovisuelle, de valider des choix d’investissements que nous avions faits avant la crise, d’améliorer les services qui y sont liés, et de commencer à rentabiliser notre offre. Je pense en premier lieu à la VR, qui ouvre de grandes perspectives. Occulus Quest, un casque de réalité virtuelle sorti peu avant le confinement, est un outil génial pour immerger les personnes. Avant la crise, n’importe quelle marque aurait refusé de nous donner un go pour la virtualisation d’un événement dédié à des influenceurs par exemple. Aujourd’hui, nous sommes en mesure de produire de véritables expériences de réalité virtuelle qui autorisent les marques à s’y aventurer.
Comment l’événement réel peut-il s’affirmer dans ces conditions ?
Arrêtons de dissocier l’événement physique de l’événement digital. L’événement réel n’a pas d’intérêt aujourd’hui sans plateforme digitale. La rencontre devient donc une expérience phygitale. Ça devient la norme. La question qui se pose à tous les organisateurs d’événements est désormais : « Comment connecter l’intégralité de mes audiences, tant physiques que numériques, et comment les faire interagir ? ». Un participant distant pourrait par exemple piloter dans l’enceinte de l’événement une sorte de robot avec une tablette, pour entrer en contact avec des participants présents sur place. Il pourrait aussi faire appel à l’holoportation… À l’inverse, une plateforme intelligente permettrait à une personne présente physiquement de communiquer avec une autre installée derrière son écran. Bref, la clé des futurs événements réside dans l’interaction entre les audiences présentes et distantes. Dans ce cadre-là, la créativité des organisateurs doit s’exprimer. Avec un peu d’imagination et de budget, tout est possible. La vérité est dans le sur mesure.
Quels sont alors les nouveaux enjeux ?
Hier, on se battait pour trouver la bonne date. Aujourd’hui, on ne parle plus de calendrier, mais de scénario. Sur le digital, on se bat contre des milliards de contenus générés par de petites tribus qui ont leurs propres standards relationnels. Comment, dans ces conditions, capter l’attention des audiences ? Comment les engager ? D’autant plus que la faculté d’attention est limitée, a fortiori celle des jeunes générations... D’autant plus que les audiences sont diverses, entre les boomers qui sont perdus face aux nouvelles technologies et la génération Z dont le smartphone représente quasiment un 6e sens et qui déteste par-dessus tout perdre son temps… Concilier les audiences est un défi majeur aujourd’hui et l’événement phygital peut répondre à tous les besoins, avec des outils appropriés pour chacun. Les solutions existent pour créer de l’engagement.
Quel est le rôle des territoires et des infrastructures dans cette situation ?
Les villes et lieux, au même titre que tout le secteur, doivent se réinventer. Leur objectif est de travailler leur attractivité et leur offre pour rendre possibles l’événement phygital et la connexion des audiences, où qu’elles soient. Ça commence par investir pour créer de la facilité et donc intégrer des technologies dans l’offre (bande passante suffisante, beacons, RFID, studios techniques intégrés…), qui augmentent l’expérience sur place et derrière son écran. Ça consiste aussi à travailler une offre holistique, qui connecte digitalement toutes les plateformes liées à la smart city, à l’événement en lui-même et à toute l’hospitalité. Ça nécessite que les propositions périphériques (cadre, environnement, divertissement, culture…) aient une vraie valeur ajoutée. Mais attention à bien prendre en compte que la frontière physique/digitale n’existe plus, ou alors dans les vieux esprits. Tout cela, aujourd’hui, c’est juste la vie.
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