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18 avr. 2025 88 vues
Letizia Elia, Bâle Tourisme : « Il ne suffit pas de parler de durabilité, il faut en mesurer les progrès »

Letizia Elia, Bâle Tourisme : « Il ne suffit pas de parler de durabilité, il faut en mesurer les progrès »

Bâle est au cœur de l’actualité événementielle et touristique en 2025. À côté de l’accueil de l’Eurovision et de l’Euro de football féminin, la ville vient d’être certifiée TourCert. Letizia Elia, CEO de Bâle Tourisme, explique à cette occasion la stratégie de durabilité de la ville, et ses conséquences sur l’offre et les acteurs locaux.

Le développement durable est au cœur de votre actualité…

La question de la durabilité a toujours été très essentielle pour nous. Et nous sommes très ambitieux. Nous collaborons sur le sujet en grande proximité avec la ville de Bâle. Il faut savoir que Bâle, par exemple, est une des rares villes en Europe qui possède un grand réseau de chauffage urbain issu de la destruction de déchets organiques. Les entreprises sont, par ailleurs, incentivées à se développer de manière durable. Tout cela, et bien d’autres initiatives, contribue à faire de notre ville industrielle une des cités les plus avancées sur la question. Les habitants ont d’ailleurs validé par référendum l’objectif commun d’être « Net Zéro Carbone » en 2037, alors que la Suisse ne devrait l’être qu’en 2050.

 

Quel impact cette stratégie de développement durable a-t-elle sur l’événementiel ?

Au niveau du tourisme et de l’événementiel, nous avons évidemment les mêmes ambitions que les autres secteurs et nous travaillons sur les trois dimensions du développement durable : économique, sociale et écologique. La démarche est peut-être plus complexe, car le touriste et le touriste d’affaires, quand il vient à Bâle ou ailleurs, n’a pas envie d’entendre des messages restrictifs sur le sujet. Donc nous faisons le choix d’une communication positive quand on évoque les vacances ou les événements.

 

Comment cela se traduit-il ?

Nous positionnons Bâle sur les best practices et nous rendons visibles les offres qui mettent en avant des engagements forts. Nous mettons en valeur, par exemple, notre culture du train et notre gare au cœur de l’Europe, très proche de la France et de l’Allemagne, qui facilite évidemment les connexions vers toute l’Europe. Nous évoquons aussi la gratuité des transports publics locaux pour les visiteurs. Vous savez, nous sommes une ville industrielle et nous le revendiquons. La catastrophe écologique que nous avons connue en 1986 (*) a profondément fait évoluer notre état d’esprit. Aujourd’hui, nous sommes fiers de la très belle qualité de l’eau du Rhin que nous mettons en avant et qui permet de s’y baigner sans aucun risque. Nous sommes fiers que chaque touriste ou touriste d’affaires puisse boire l’eau des fontaines présentes dans la ville. Tout cela, je le répète, dans une ville industrielle.

 

 

Pourquoi avoir cherché à certifier tous ces engagements ?

Nous agissons énormément sur le sujet, mais il ne suffit pas d’en parler. Nous avons besoin de mesurer nos progrès. Nous avons donc cherché une certification qui puisse nous permettre de monitorer notre stratégie et nous avons opté pour TourCert (**). Bâle est donc certifiée comme destination durable selon le standard TourCert, reconnu au niveau international, qui nous permet également de passer au niveau III (leading) de Swisstainable Destination. TourCert est l’un des standards les plus exigeants et récompense l’implication de toutes les parties prenantes de la destination. Elle nous engage tous à poursuivre notre développement dans tous les domaines de la durabilité et renforce notre attractivité en tant que destination événementielle et de tourisme durable.

 

2025 est une année exceptionnelle pour Bâle en termes d’accueil d’événements…

Effectivement, 2025 est une année événementielle importante pour nous, avec l’accueil à la Halle Saint-Jacques (St. Jakobshalle) de l’Eurovision, qui se tiendra du 10 au 17 mai 2025 et de cinq matchs du Championnat d’Europe de football féminin en juillet, également au Parc Saint-Jacques, dont le match d’ouverture et la finale. Ces événements exceptionnels viennent s’ajouter aux traditionnelles manifestations, comme Art Basel, notre célèbre festival mondial annuel dédié à l’art contemporain. Chacun de ces événements possède sa propre stratégie sociale ou de durabilité. Tous ont pour objectif de réduire leurs émissions tout en accueillant parfaitement tous les participants. Un exemple parmi tant d’autres, pour l’Eurovision, nous allons créer, des safe zones pour les personnes en situation de vulnérabilité.

 Coumba Sow, joueuse de foot professionnelle à Bâle ©Suisse Tourisme/Colin Frei

 

Que cherchez-vous à démontrer à travers ces initiatives ?

Notre objectif est que les personnes en visite à Bâle à l’occasion de cet événement soient ravies de leur séjour. Pour eux, nous éditons l’appli « Welcome Home » qui montre que Bâle est une ville d’art et d’architecture ouverte et qui liste les offres de service, dont plusieurs city tours. Nous voulons qu’ils se sentent « comme à la maison ». Mais nous veillons aussi à ce que la population locale profite de l’événement. Il est essentiel pour nous que le développement touristique et événementiel soit non seulement accepté par les habitants, mais qu’il leur crée de la valeur. Nous prenons donc des initiatives pour tout le monde, et pas seulement ceux qui auront acheté un billet. C’est ainsi, par exemple, que des activités de chant seront organisées dans les écoles.

 

Quels objectifs vous fixez-vous pour le secteur événementiel ?

Bâle est une ville d’à peine 200.000 habitants qui possède des infrastructures dignes d’une capitale et d’un savoir-faire événementiel reconnu. Nous voulons la positionner comme une destination durable de congrès et d’événements scientifiques et culturels. Nous avons la chance d’avoir sur notre territoire de grandes entreprises et industries dédiées aux sciences de la vie, qui peuvent être davantage moteurs de l’accueil ou de l’organisation de conférences par exemple. Nous avons perdu Baselworld, le salon mondial de l’horlogerie, qui prenait place traditionnellement en mars. Notre objectif est de créer et d’accueillir de nouveaux événements qui prendront part de ce mouvement de développement durable. Mais tout développement se fera en collaboration avec la population locale.

 

(*) Le 1er novembre 1986, un incendie dans une usine de produits chimiques a entraîné une des plus graves pollutions du Rhin.

(**) Créée en 2014 et d’origine allemande, la certification TourCert récompense les destinations touristiques durables et leurs parties prenantes territoriales qui s’engagent sur la qualité des produits et des services, l’orientation client, l’utilisation prudente des ressources, les offres de mobilité durable…


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