Sébastien Tondeur, MCI Group : « Le capital humain est essentiel au futur de nos entreprises »
Quelle tendance majeure observez-vous sur le secteur événementiel ?
Avant de répondre, je souhaite vous partager deux anecdotes. Il y a quelques jours, je participais à un événement philanthropique organisé à Genève. Lors des discussions que j’ai pu avoir avec mes homologues entrepreneurs ou C-level, nous nous sommes dit : « Soyons clairs, ce sont des femmes et des hommes qui font tourner nos entreprises ». Par ailleurs, il y a quelques semaines, lors de VivaTech à Paris, Elon Musk et Maurice Lévy ont parlé pendant seulement trente minutes de technologie et pendant quatre-vingt-dix minutes des changements sociaux...
Qu’en tirez-vous comme conclusion ?
Je pense qu’il y a enfin une prise de conscience générale que la tech seule ne définira pas notre avenir, mais que le capital humain, certes augmenté de tech, reste essentiel au futur de nos entreprises. Cette tendance structure nos métiers de l’événementiel et c’est une excellente nouvelle. Il n’y a aucune chance pour que, demain, un incentive autour du Mont-Blanc se passe derrière un casque virtuel avec de belles images. L’incentive au Mont-Blanc se vit en vrai, les pieds dans la neige !
Cette évolution implique-t-elle de nouvelles relations avec vos clients ?
Le dialogue avec nos clients évolue. Avant la Covid, à chaque fois que je me rendais à un rendez-vous client, j’étais accompagné par un expert en production d’événement. Aujourd’hui, je déteste y aller sans un planneur stratégique. Même si j’aime toujours la présence du spécialiste de production… Mais la stratégie et le concept de l’événement sont désormais au cœur des discussions. Ce changement illustre l’évolution de nos métiers et nous oblige à augmenter notre exigence. Si l’apport stratégique de nos agences se renforce, nous ne pouvons plus réfléchir au coup par coup. C’est pour cette raison que nous privilégions une relation clients de long terme.
Vos clients sont-ils sensibles à cette évolution ?
Oui, ils sont réceptifs à nos arguments. Si je prends l’exemple d’un lancement de produit, le déploiement concerne des audiences variées (interne, réseau de distribution, influenceurs…), mobilise de nombreux formats et nécessite du temps. Si la marque ou l’entreprise veut conserver de la cohérence, la majeure partie des activations ne peuvent que se travailler sur le long terme.
Vous évoquez les formats. Considérez-vous l’événement digital et hybride comme installé dans le paysage événementiel ?
Non. Les événements hybrides et digitaux ont disparu. Ces formats n’ont pas séduit. La pharma a maintenu quelques meetings en ligne, quand les audiences ne sont pas trop nombreuses, et les organisateurs de congrès ont également conservé quelques rencontres online. Et beaucoup d’événements utilisent les outils digitaux comme plateformes pour réutiliser des contenus, mais tout cela reste une petite partie de l’activation événementielle. Les raisons de cette désaffection sont simples : rester un long moment devant un écran est compliqué. Et quand on parle d’engagement, de collaboration, de coopération, de co-création ou même de bouche-à-oreille, le format est très loin de s’imposer.
Vous n’avez pas évoqué la RSE comme tendance globale…
J’aurais dû effectivement commencer par ce sujet ! Peut-être que la responsabilité, en termes de gouvernance, d’environnement ou de social, tombe désormais sous le sens. Sérieusement, les discussions autour de ces sujets augmentent évidemment. La réflexion autour du « net zéro carbone » dans l’événementiel se met en place, avec le sujet très fort des « crédits carbone » qui, à mon avis, articulera notre secteur à l’avenir. Pour notre part, la gouvernance de notre groupe est structurée autour des questions d’écoresponsabilité et nous publions depuis 10 ans un rapport disponible en ligne qui met en avant nos réflexions et actions.
Un mot sur l’évolution du marché ?
Le rattrapage de la période Covid s’est terminé avec 2022. Le marché est toujours dans une bonne dynamique, mais nous retrouvons un rythme normal de business. Les associations organisatrices de congrès, par exemple, dépassent doucement les chiffres de 2019, ce qui est positif. Et 2024 devrait maintenir un rythme identique.
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